En France, l‘objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 pour le secteur industriel. Dans un contexte de décarbonation, la transition vers une industrie durable est un impératif. En quoi l’innovation joue-t-elle un rôle clé pour les entreprises concernées ? Comment tirer profit des nouvelles technologies pour diminuer l’impact environnemental ?
L’innovation : un levier de performance pour l’industrie durable
Le défi climatique est réel :
- Le niveau moyen des mers a augmenté de 9cm entre 1993 et 2021.
- Les énergies fossiles sont encore omniprésentes : en 2021, elles ont compté pour plus de 82% de la consommation d’énergie primaire.
- La température moyenne planétaire a augmenté de 1,1°C entre l’ère et préindustrielle et 2020.
Ajoutons que l’industrie représentait 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre en 2019. Plus précisément, cela concernait la chimie, la métallurgie et les minéraux non métalliques. Face à ces chiffres, les entreprises doivent agir de façon proactive. Quelles stratégies mettre en place pour placer le développement durable au cœur des priorités ? C’est la chaîne de valeur dans son intégralité qui doit être revue, et non certains aspects.
Innovation industrielle et durabilité : des exemples concrets
Au-delà du recours aux énergies renouvelables comme l’éolien ou le photovoltaïque, comment les entreprises s’engagent-elles ?
Utiliser des matériaux durables
C’est le cas dans le secteur de la construction. Des matériaux plus respectueux de l’environnement ont été mis au point : le bois transparent (alternative au verre ou au plastique), le béton auto-cicatrisant (comblement automatique des fissures par les bactéries contenues dans le mélange), l’aérogel (puissant isolant visant à réduire les dépenses énergétiques) ou encore le Richlite (revêtement résistant à l’eau).
En ce qui concerne l’industrie automobile, les matériaux durables deviendront la référence à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitacle. Prenons l’exemple du SoftTex pour les sièges : ce cuir synthétique possède de grandes capacités de respirabilité et de refroidissement. Sa fabrication nécessite 85% d’émissions de CO2 en moins que la production de cuir véritable. Quid des pneus ? Une alternative au caoutchouc est le Taraxagum, récolté sur les plants de pissenlits.
S’appuyer sur des solutions technologiques et des outils analytiques
D’abord, les entreprises industrielles placent des capteurs IoT sur les machines. Ils permettent de :
- Surveiller en temps réel la consommation d’énergie (compresseurs, pompes, lignes de production automatisées, éclairage industriel...).
- Contrôler la température (moteurs, chambres froides, équipements de traitement thermique, congélateurs...).
- Mesurer les émissions de CO2 (chaudières, fourneaux, engins de chantier, camions...).
- Optimiser la maintenance prédictive : les dysfonctionnements sont détectés tôt, ce qui prolonge la durée de vie des équipements.
Ensuite, des traceurs sont placés sur les palettes et dans les entrepôts. L’idée est d’améliorer les itinéraires de livraison, de contrôler les espaces de stockage, de réduire les déchets ou encore de suivre l’état des produits sensibles et/ou périssables. Des rappels ciblés peuvent être effectués en cas d’articles défectueux, ce qui minimise l’impact sur l’environnement. Quel que soit l’endroit où ils sont installés, les capteurs et traceurs collectent des informations qui sont transmises à une plateforme sécurisée via un réseau. Toutes les données sont exploitées pour fiabiliser les prises de décision, gagner en réactivité et trouver des axes d’amélioration.
Enfin, l’intelligence artificielle trouve, elle aussi, toute sa place dans l’industrie connectée et automatisée. Elle contribue à rationaliser les matières premières et les ressources (eau, charbon, gaz...). L’IA analyse la prévision de la demande, gère les approvisionnements et détermine les niveaux de stocks optimaux.
Quels sont les défis à relever en matière d’innovation industrielle durable ?
L’accélération des processus d’automatisation nécessite l’adhésion des employés. La direction doit mettre en place une culture digitale. Des formations et des actions de sensibilisation peuvent être organisées.
L’objectif ? S’assurer que les équipes saisissent les enjeux de l’innovation industrielle en matière de durabilité.
Il s’agit aussi de sélectionner des fournisseurs engagés et d’harmoniser les pratiques en fonction de chaque pays, si l’entreprise opère à l’étranger.
Quelles retombées pour l’entreprise ?
Les bénéfices sont nombreux :
- Obtenir de nouveaux financements : 22% des responsables du secteur industriel estiment qu’une « bonne performance » en termes de durabilité est importante pour attirer des investisseurs.
- Création d’un facteur de différenciation : 40% des responsables du secteur industriel pensent que les entreprises qui « deviennent des leaders en développement durable » réussissent à réduire leurs coûts d’investissements ou à dégager un avantage concurrentiel.
- Susciter l’intérêt de nouveaux clients : 41% des jeunes générations achètent moins ou ont cessé d’acheter auprès de marques qui n’agissent pas suffisamment en faveur de l’environnement.
- Attirer de nouveaux talents et fidéliser les employés en poste : en 2021, 78% des salariés préféraient intégrer une entreprise engagée dans la transition écologique.
Présenté en mai 2023 par le ministre de l’Économie, le projet de loi « industrie verte » vise à lever des investissements sur le long terme pour les entreprises innovantes, la décarbonation ou encore les énergies renouvelables. En ce sens, l’innovation est un moteur essentiel pour la transition énergétique des entreprises industrielles, quel que soit leur secteur d’activité. L’opportunité de prendre une longueur d’avance sur les concurrents et de renforcer la démarche RSE.
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