Plus que tout autre type de projets industriels, les chantiers d’infrastructures énergétiques semblent sujets à d’importants retards. Selon un rapport récemment publié par McKinsey & Company, ce sont ainsi 98% des mégaprojets pétroliers et gaziers qui subissent des dépassements de coûts de plus de 30% tandis que 77% sont livrés avec un retard équivalent à au moins 40% de leur durée de réalisation. Selon le cabinet de conseil, ce bilan critique est principalement attribuable à une mauvaise organisation et à une communication inadéquate. Des problèmes structurels qui peuvent trouver une solution au moins partielle dans l’adoption de la continuité numérique.
Si les chantiers d’infrastructures énergétiques posent tant de défis organisationnels et communicationnels, c’est avant tout parce qu’il s’agit de projets extrêmement complexes impliquant souvent plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de parties prenantes échangeant plusieurs millions de données techniques. A la fin de la phase de conception d’une centrale nucléaire, on estime que 25 000 documents ont été échangés, 35 000 exigences formulées, 100 000 composants de base identifiés et 1 500 000 données techniques enregistrées. Des chiffres multipliés par 10 lors des phases suivantes de construction et de mise en service. Dans les secteurs pétroliers et gaziers, le constat est le même : de leur conception à leur maintenance, les infrastructures énergétiques donnent lieu à la production en continu de millions de données provenant d’une multitude de sources, dont chacune doit être traitée et conservée efficacement pour assurer la performance et la sécurité des projets.
Comment assurer que l’ensemble de ces données soient accessibles au bon moment à la bonne personne et dans le bon outil ? Une réponse à cette question réside dans le dépassement des silos informationnels qui segmentent encore trop souvent les systèmes informatiques et donnent lieu à de nombreuses erreurs et incompréhension. La continuité numérique désigne cette nécessité de relier l’ensemble des données relatives à un produit ou à un composant sur l’ensemble de son cycle de vie (conception, tests, production, utilisation en conditions réelles, service après-vente et maintenance, recyclage, etc.) et de les rendre facilement accessibles à tous via un système unifié. Cela implique de créer des ponts entre des solutions numériques habituellement séparées telles que les outils CAO, PLM et ERP, créant ainsi une continuité informationnelle entre les phases de conception et les phases de production.
Le potentiel de la continuité numérique ne se limite pas à la prise en charge d’importants volumes de données et à leur distribution tout au long de la chaine de valeur. Sur le long terme, cette meilleure disponibilité des informations implique également une meilleure coordination de toutes les parties prenantes impliquées sur un chantier. En offrant à tous ces acteurs une plateforme collaborative centralisée et intuitive pour la gestion des données techniques, les maitres d’œuvre assurent une homogénéité parfaite de l’information et ainsi des échanges plus fluides à chaque étape du projet.
Bien qu’ils soient progressivement devenus une norme dans le secteur de l’énergie, les retards et les dépassements de coûts ne sont pas une fatalité. En centralisant l’ensemble des données techniques et en améliorant leur disponibilité, la continuité numérique améliore considérablement la coordination de l’ensemble des acteurs de ces projets infiniment complexes et offre ainsi une piste précieuse d’optimisation des coûts et des délais.