Selon l’un des hauts responsable de l’entreprise, Rosie the Riveter*, icône de l’usine du passé, permet de mieux comprendre l’usine du futur d’Airbus. (*Rosie la riveteuse symbolise les femmes qui travaillaient dans l’industrie de l’armement aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale).
L’avionneur européen, dont le chiffre d’affaires s’élève à plusieurs milliards de dollars et qui contrôle la moitié du marché mondial de l’aviation commerciale, est en train d’appliquer la technologie de l’Internet des Objets (IOT) non seulement à ses produits mais aussi aux outils qu’utilisent ses ouvriers lors du processus de fabrication pour, entre autres opérations, visser des milliers de boulons.
Contrairement à ce qui s’est passé jusqu’ici dans les usines de production automobile, chez les avionneurs, les usines d’assemblage ont rarement fait appel aux robots pour répondre aux besoins de la fabrication de précision. Dans l’industrie aéronautique, ce sont les hommes qui sont chargés de ces opérations, assistés par des robots.
En connectant à la fois les hommes et les outils qu’ils utilisent à une plateforme IOT, la fabrication est plus rapide, comme le souligne Jean-Bernard Hentz, responsable PLM R&T et Innovation chez Airbus ICT.
« Nous avons besoin de solutions simples », déclarait-il y a peu M. Hentz à son auditoire, lors d’un rassemblement LiveWorx.
Cette situation conduit à ce que M. Henz appelle « Rosie la riveteuse 2.0 » : un ouvrier Airbus de l’atelier utilise une tablette ou des lunettes intelligentes pour observer attentivement la peau métallique d’un avion et déterminer la taille du boulon qui devra être utilisé à un endroit donné ainsi que la force à appliquer pour le serrer au couple. Ces informations sont envoyées aussitôt à un robot qui se charge de la tâche.
Cette approche « cyber-physique » – qu’Airbus appelle son « usine du futur » – permet de rationaliser les dizaines de milliers d’opérations qui jalonnent l’assemblage d'un avion, lequel peut compter jusqu’à 400 000 vis et boulons et nécessiter l’utilisation de plus de 1 100 outils différents.
« Les avions sont très compliqués », souligne M. Hentz avec un sourire quelque peu forcé.
Grâce à ces outils connectés, le processus est non seulement plus rapide mais il est aussi plus fiable que lorsque les boulons devaient être serrés à la main.
Airbus dispose de 11 sites de production et de quatre chaînes d’assemblage dans le monde, dont une en construction à Mobile, Alabama.
Jusqu’ici l’avionneur a toujours été un gros utilisateur de conception assistée par ordinateur (CAO) et avec un carnet de commandes rempli pour les neuf années à venir, il favorise la « fabrication au plus juste » afin de réduire les stocks sans interrompre la production.
« Si nous pouvions livrer [l’avion] un jour plus tôt au client, j’en serais très heureux. Je recevrais le chèque un jour avant et, de son côté, la compagnie aérienne mettrait l’avion en service un jour avant », s’autorise à rêver M. Hentz.
Image courtesy of Airbus